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La gueule de bois post-révolutionnaire du tourisme tunisien

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Emilienne Malfatto

"La catastrophe". Monsieur Krimi ne trouve pas d’autres mots pour évoquer le début de la saison touristique à Zarzis. Dans cette petite station balnéaire du sud tunisien, le touriste se fait attendre. Plages désertes, hôtels à moitié vides, commerce en berne… "Depuis la révolution, les touristes ne viennent plus", déplore le vieux Mr Krimi en passant la main dans ses cheveux blancs clairsemés. Ce propriétaire d’une épicerie qui fait aussi boutique de souvenirs, à cent mètres de la plage, ne cache pas son inquiétude.

Deux années après sa révolution, les fleurs du jasmin sont bien fanées pour le tourisme tunisien. Sur 630 hôtels classés, 117 ont déjà fermé. Les touristes sont de moins en moins nombreux : l’an dernier, les ventes de voyages des tours opérateurs français ont baissé de 45%, et les revenus tirés du tourisme ont atteint seulement 1,5 milliards d’euros, soit 10% de moins qu’en 2010. Le secteur, qui représente 7% du PIB et emploie 400 000 personnes, est en chute libre dans un pays qui compte 17% de chômage, soit près de 700 000 personnes sans emploi.

La Tunisie, longtemps destination préférée des Français, est délaissée. La raison de ce désamour? La peur de l’instabilité politique, de l’insécurité et des islamistes, alimentées par les médias français et européens. L’attaque de l’ambassade américaine en septembre et l’assassinat de l'opposant politique Chokri Belaïd en février sont autant de faits qui alimentent ces peurs et incitent les vacanciers à voyager dans des pays plus tranquilles.

Pour tenter de contrer les inquiétudes et relancer le secteur touristique, la Tunisie a lancé en France, au printemps 2011, une campagne choc se moquant des clichés de la révolution.

Affiche de l'Office national du tourisme tunisien

La campagne, humoristique et osée, n'a pas eu l'effet escompté : les manifestations réprimées à coups de gaz lacrymogène et le couvre feu ont eu plus de poids que les affiches. En 2011, les recettes du tourisme ont baissé de 33%, et le nombre de visiteurs s'est élevé à 4,8 millions, contre près de 7 millions en 2010.

Au grand désespoir des Tunisiens qui tirent leurs revenus de l’activité touristique. Sur la plage de Zarzis, Oussem, 22 ans et un sourire ravageur, pose franchement la question qui inquiète. "Savez-vous si les touristes vont venir cet été?" demande-t-il avec espoir. "Il ne faut pas que les gens aient peur… Vous avez vu comme c’est tranquille ici? Vous en avez vu, vous, des barbus [des islamistes ndlr]?"

A demi mot, on espère, on cherche des excuses à ces touristes qui n’arrivent pas. La saison n’a pas encore commencé, les vacances tombent surement plus tard cette année. Mais, au détour des sourires, on devine une vraie incompréhension. Et une réelle angoisse. En Tunisie, plus d’une personne sur dix tire ses revenus du tourisme.




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